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Après le plaisir des sens et la colère qui sont les deux premiers obstacles à la pratique de la méditation pleine conscience vient la torpeur qui est une forme de paresse.

Qu’est-ce que la torpeur ?

Pendant la pratique, il est fréquent qu’une certaine somnolence s’installe, en particulier si vous subissez un style de vie fatiguant et que vous méditez en vous levant plus tôt qu’à votre habitude ou après une dure journée d’activités.

Il se peut alors que votre esprit et votre corps deviennent lourds et qu’une certaine paresse mentale s’installe. Cette paresse, associée à une langueur physique, ne permet pas de maintenir la vigilance nécessaire à la pratique.

Sans aller jusqu’à l’endormissement, dès que notre niveau d’énergie diminue ou se brouille, dès que le corps ou l’esprit glisse vers la mollesse ou la somnolence, nous ne parvenons plus à nous maintenir sur l’objet de notre attention. Une sorte d’engourdissement général, physique et psychique apparait et la torpeur s’installe.

En fait, le plus souvent inconsciemment, nous perdons alors complètement de vue l’objet de notre méditation en cédant à cette forme d’assoupissement qui peut annoncer le sommeil. C’est comme un décrochement inattendu.

Cet état est comparé à une forme d’emprisonnement car nous ne choisissons pas librement cette situation : nous sommes comme happés par des circonstances qui nous échappent et pour lesquelles nous ne sommes plus aux commandes. Un peu comme si nous nous endormions au volant de notre propre corps.

La torpeur, une occasion rêvée de décrocher en toute inconscience

Bien que cela puisse se produire dans n’importe quelle posture, ce phénomène de torpeur se produit souvent lors d’une pratique couchée, bien connue des méditants en pleine conscience : le body scan. Bien que cet exercice ne soit pas une relaxation mais un entrainement de l’attention, beaucoup de débutants s’endorment rapidement dès les premières minutes. La position allongée, généralement proposée, n’y est certainement pas pour rien !

Et il ne sert à rien de regretter ou de culpabiliser pour ces quelques minutes de repos volé: j’aime rappeler que tant que le corps à besoin de sommeil, l’esprit ne peut pas être aussi vif qu’il en est capable.

Autant, donc, laisser à notre véhicule cette occasion inespérée de récupérer. Après tout, il n’y a aucun objectif à atteindre et donc rien qui puisse être bien fait ou mal fait. 😉

Allongés sur le tapis, nous nous décontractons et notre corps nous réclame un repos bien légitime, lui qui est sur-sollicité par notre mode de vie occidental. Nous nous relâchons alors complètement dans une agréable sensation de torpeur et nous réveillons, tout étonnés d’avoir dormi, au moment où sonnent les cloches indiquant la fin de la pratique.

Cela se produit fréquemment pour de nombreuses personnes et, parfois, sur des périodes assez longues. Une fois de plus, certains d’entre nous n’offrent pas toujours à leur corps une vraie opportunité de ne rien faire. Il y en a même, je le sais, qui détournent sciemment cette pratique en l’utilisant comme moyen d’endormissement. 😛

D’un autre côté, si cet état dure trop longtemps et qu’il se répète plus ou moins fortement dans différentes postures, il ne nous permet pas de progresser sur le chemin et devient un véritable obstacle.

Au-delà du nécessaire repos corporel, la torpeur peut également provenir d’un manque général – dans la vie – de sens, de motivation, d’exercice ou d’une incapacité à aborder la pratique avec le regard frais et neuf que demande l’esprit du débutant. Tous ces manques peuvent produire une forme d’ennui ou de désengagement vis-à-vis de la pratique de la méditation pleine conscience. Des manques qui alimentent la torpeur et la paresse.

Pour faire face à cet obstacle, il convient de s’interroger d’abord sur notre style de vie alimentaire, familial, professionnel et social afin d’estimer de quelle façon celui-ci impacte notre niveau d’énergie personnelle?

Dépasser la torpeur en conscience

Afin de gérer au mieux notre énergie en nous re-dynamisant lorsque la torpeur apparait, nous pourrions décider d’une pratique de méditation en marchant ou de toute autre forme de pratique méditative en mouvement (Taichi chuan, Qi qong ou art martial, etc). Et pendant les temps de pratique formelle assise ou allongée, il pourra être utile de s’autoriser à ouvrir les yeux quelques instants et à les faire tourner dans nos orbites dans un sens puis dans l’autre pendant quelques instants.

Nous pouvons également prendre quelques inspirations appuyées si nous nous sentons happés par cet état de torpeur. Si nous sommes assis, le simple fait d’ajuster nouveau notre posture, pour qu’elle exprime la droiture et la dignité, pourrait aussi nous aider à re-dynamiser notre ensemble corps-esprit.

Encore plus simple: on n’hésitera pas à se lever, à faire quelques pas en conscience et à se passer de l’eau bien fraiche sur le visage et dans le cou.

Je vous retrouve demain pour le 4ème obstacle à la pratique: l’agitation.

 

Jean-Marc Terrel
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