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Lorsqu’on décide de changer quelque chose dans sa vie – par exemple se remettre à faire du sport, modifier son alimentation ou se coucher plus tôt – il est parfaitement normal de faire face à toutes sortes d’entraves. Et cela est également vrai lorsqu’on se décide à pratiquer la méditation pleine conscience.

La plupart des difficultés que nous rencontrons sont celles par lesquelles tout le monde passe, mais nous nous demandons souvent si nous sommes seuls à vivre ce genre de défis. D’où l’intérêt de rejoindre une communauté de pratiquants qui favorise les échanges afin de constater que ce qui nous défie est en fait le lot commun.

Le plaisir des sens est un obstacle

Si vous avez commencé à pratiquer la méditation, sans doute avez-vous pris conscience – peut-être même plus que jamais auparavant – de l’inconstance de votre esprit, de sa grande agitation. En l’espace d’une seule minute votre esprit peut se projeter dans toutes sortes de pensées liées au passé immédiat ou lointain et dans toutes sortes de réflexions concernant le futur proche ou lointain.

Vous sautez du coq à l’âne en permanence. Vous-même, ou d’autres personnes, pouvez être le sujet de ce bavardage incessant. Un vrai vacarme, en fait, alimenté par toutes vos préoccupations du moment. Et comme le décrit avec humour Pierre-Jean, un membre de mon groupe Facebook, le bavardage mental ressemble à ça :

“Je vais être en retard à ma réunion…

– Au Proche-Orient, les tensions…

– Mais il va avancer, cet imbécile ?

– Zut, j’ai oublié mon rouge à lèvres

– Tiens, il commence à pleuvoir

– Faut que j’appelle Maman

– Si je réessayais d’arrêter de fumer ?

– Une fourmi se promène sur un brin d’herbe”

Parfois un thème revient, quelque chose qu’on rumine et qui se représente en boucle avec de nouvelles interruptions. Et cela nous montre que tout s’entrechoque dans nos têtes et que c’est un véritable brouhaha qui repose sur des schémas conditionnés, sur le mode automatique que j’aime appeler le mode zombie.

On peut même parfois se demander combien nous sommes dans notre tête, tellement il semble y a voir de monde, et qui est vraiment le chef ?! 😀 😀 😀

Et c’est tout le problème de ce mode zombie dans lequel nous nous trouvons quasi en permanence : nous ne sommes pas présent ici et maintenant à l’expérience de l’instant.

Par exemple, assis à table pour partager un repas en famille, notre corps est présent dans la pièce tandis que dans notre tête nous revivons le conflit avec un collègue, nous pensons au week-end à venir, au film de la veille et au fait qu’il va falloir arroser les plantes et acheter des timbres…

Peut-être qu’un “à quoi tu penses ?” ou un “passe-moi le sel” nous fera revenir très brièvement dans l’instant présent avant que notre machine infernale à générer des pensées se remette à nouveau en route, l’instant d’après.

Des obstacles à la méditation pleine conscience existent…

Lorsque nous prenons conscience de ce mode de fonctionnement, il ne s’agit pas de nous auto-flageller ou de nous mésestimer. C’est dans la nature de l’esprit humain d’être instable et inconsistant. Nous sommes tous à la même enseigne. La pratique de la méditation pleine conscience nous amène à le réaliser et à revenir systématiquement à l’instant présent, ici et maintenant.

C’est comme un entrainement qui a l’avantage de développer notre capacité d’attention et de concentration. Il nous permet également d’identifier des schémas récurrents, des modèles personnels que nous avons installés avec le temps et qui nous ramènent systématiquement dans les mêmes ornières.

Et puis, petit à petit, il nous amène à décrypter notre propre langage symbolique du corps-esprit, qui fait que certaines de nos états corporels produisent certains types de pensées et, inversement. Entre les deux se trouve un espace de choix et de liberté que la méditation pleine conscience permet de défricher et d’installer.

Avant d’en arriver là, il est bon de connaître les obstacles que nous rencontrons sur le chemin de la pratique et qui peuvent nous ralentir voire nous stopper complètement.

Il y a cinq catégories d’obstacles qui n’épargnent personne, pas même les méditants les plus avancés. On peut contourner ces problèmes pendant des semaines, des mois ou des années mais, à tout instant, ils peuvent se représenter sur le chemin. Si nous sommes capables de les reconnaître il est plus facile de s’en prémunir.

C’est un peu comme des guêpes. Alors que nous arpentons les chemins de la conscience à la recherche de nous-mêmes, nous croiserons sans aucun doute l’une ou l’autre de ces créatures. Si nous l’identifions pour ce qu’elle est et nous comportons adéquatement, même si le risque demeure, il nous est aisé d’échapper à une douloureuse piqûre.

Et si, avec la pratique et le temps, ces obstacles ne nous piquent plus autant c’est parce que nous devenons plus attentifs aux risques d’attaque et sommes plus entrainés à les éluder.

Retenons que le risque zéro n’existe pas et que tout ce qui peut entraver la méditation entre dans l’une ou l’autre de ces cinq catégories. En les étudiant, on découvre qu’il s’agit uniquement d’empêchements intérieurs, générés par le mental.

Tout ce qui pourrait venir de l’extérieur – comme, par exemple, un environnement bruyant ou une mouche effrontée – n’est considéré comme un obstacle qu’à partir du moment où le pratiquant le laisse entrer “à l’intérieur”. C’est en prêtant attention au bruit ou à la mouche que l’esprit s’irrite en désirant autre chose que ce qui est : du silence, pas d’insecte, etc.

Autant que possible, on pratiquera dans des environnements ou les problèmes provenant de causes externes seront les plus faibles possibles en veillant à méditer dans un endroit calme et tranquille, ni trop chaud ni trop frais et ne présentant aucune difficulté particulière.

Le plaisir des sens est le premier empêchement à la pratique

À l’instant où la méditation commencera, on fera face au premier obstacle : le plaisir des sens.

Quelque soit la sensation que nous pouvons ressentir, ne serait qu’un bref instant, aussitôt que nous l’étiquetons comme “plaisante” ou “agréable”, le plaisir des sens est là. L’esprit se charge d’attirer notre attention vers des choses qui nous apporte de la satisfaction et de rejeter tout ce qui pourrait nous apporter de l’inconfort. Et c’est inconfortable de méditer, surtout au commencement. On est rapidement mal à l’aise corporellement de devoir rester immobile, on a mal au jambes, au dos, à la nuque…

Nous découvrons des douleurs qui étaient là, en sourdine mais auxquelles nous ne prêtions aucune attention. Notre corps nous crie des choses alors qu’enfin nous lui accordons un peu d’attention. Du “je suis mal à l’aise” au malaise il n’y a qu’un pas que l’esprit à tôt fait de franchir pour nous inviter à faire autre chose, à cesser la pratique, à nous faire du bien… autrement qu’en méditant.

Cela demande du temps et de la pratique pour que le plaisir des sens cesse et que l’esprit goûte au bien-être procuré par le fait de demeurer paisiblement sur son objet d’attention.

Au cours de notre développement intra-utérin, puis pendant les premiers mois de notre vie, nous avons appris le Monde au travers des sensations. Elles ont guidé notre esprit dans la découverte et la connaissance de notre propre incarnation. Comment ? Au travers de nos sens.

Bien avant que la pensée envahisse notre perception du Monde, le goût et l’odorat, le toucher, l’ouïe et la vue ont été nos premiers guides pour apprécier la vie. Très vite les émotions se sont ajoutées aux sensations et puis, plus tard, le langage et avec lui les pensées. Généralement notre maman, bénie soit-elle, a nourri nos sensations agréables en nous apportant tout l’amour et le soin qu’une mère donne naturellement aux besoins de son nourrisson. Et on sait aujourd’hui que le manque d’affection à des effets dévastateurs sur notre développement.

Nous nous sommes attachés à certaines sensations, à certaines odeurs, à certains goûts et à certaines émotions… de façon tellement profonde et inconsciente que dès qu’il s’agit de sensations agréables notre esprit les désire, les recherche et s’y attache afin qu’elles durent.

Le plaisir des sens est un obstacle qui masque la véritable nature des choses car il se focalise sur un seul aspect de la réalité : le côté agréable des choses. Or ce qui apporte le véritable bonheur n’est pas lié au plaisir des sens qui est, par nature, éphémère.

Pour contourner cet obstacle, le pratiquant devra donc prolonger petit à petit son temps d’assise. Il devra également apprendre à rester focaliser, quoiqu’il arrive, sur l’objet de sa méditation, par exemple le souffle. Il aura aussi intérêt à observer, sans les saisir ni les rejeter, tous les aspects déplaisant de l’expérience. C’est de cette façon que cette première difficulté sera dépassée.

Je vous retrouve demain pour parler du second obstacle: celui de la colère.

 

Jean-Marc Terrel
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