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La patience est le second pilier de l’entrainement à la pleine conscience après le non-jugement. Dans un monde où tout va très vite, une société qui fait l’éloge de la vitesse et du haut débit, il est possible d’expérimenter la lenteur dans la rapidité.

La patience est une compétence comme une autre, qui s’apprend et qui consiste d’abord à accepter que les évènements et les choses se déroulent à leur propre rythme. Nous nous comportons souvent comme cet enfant qui essaie de faire sortir prématurément, en vain, la fleur de son bouton ou qui voudrait aider le papillon à sortir de sa chrysalide ! Les conséquences d’une telle impatience sont, on le sait, dramatiques.

Nos vies de sont pas différentes. À peine commence-t-on à méditer en pleine conscience que l’on voudrait déjà avoir tout compris et tout vécu. D’aucun s’attendent à ressentir des bienfaits immédiats et durables et à régler en quelques séances des problèmes qu’ils trainent avec eux depuis des mois, voire des années. Mais nous sommes conditionnés et nos habitudes sont comme une seconde peau dont il est bien malaisé de se défaire.

Qu’est-ce que la patience ?

La patience consiste à comprendre que le changement n’est pas événement mais un processus : le changement prend du temps et demande de la volonté de maintenir un certain effort, une certaine discipline.

Chaque jour notre patience est mise à rude épreuve. Que ce soit au travail ou en dehors, les situations stressantes ne manquent pas et semblent ne laisser aucune place pour que les évènements ou les choses se déroulent à leur propre rythme : il faut toujours faire plus vite avec moins de temps, moins d’argent, moins de soutien de nos collègues ou de nos proches.

Nous vivons dans l’urgence et générons sans cesse des émotions de peur, de colère et d’anxiété face au temps qui nous file entre les doigts, comme du sable. Tout ce qui ne peut plus attendre doit être fait avant la dernière minute, dans l’agitation et, parfois, la confusion. La patience consiste à voir la vie autrement que comme une suite interminable de problèmes à résoudre rapidement.

Il s’agit, pour commencer à pratiquer en pleine conscience, d’apprendre à observer les effets de l’impatience sur le corps et sur l’esprit :

  • Comment celle-ci agit-elle sur mon corps ?
  • Comment se manifeste-t-elle dans mes pensées ?
  • Quels sont ses effets sur mes comportements avec les autres ?
  • À quelles exigences est-ce que l’impatience me renvoie ?

Car la patience est une décision qui nécessite une remise en question des exigences envers moi-même et envers les autres. Ensuite, elle me conduit à apprendre à distinguer ce qui ne dépend que de moi. Autrement dit, dans n’importe qu’elle situation, faire preuve de patience consiste aussi à savoir faire la différence entre ce que nous pouvons réellement contrôler et ce sur quoi nous n’avons aucun pouvoir.

Par exemple, je n’ai aucun pouvoir sur le retard du train que je viens de prendre mais j’en ai sur la façon dont je réagis – en pleine conscience – à ce retard qui, elle, ne dépend que de moi.

En réalité, chacune de nos réactions à n’importe qu’elle situation ne dépend que de nous. C’est l’essence même de notre “respons’abilité” ou “habileté à répondre” ; ce qui fait de nous des êtres responsables.

Comment fonctionne la patience ?

Si l’impatience a été décrite comme “une attente focalisée sur le futur”, la patience est indubitablement “une attention focalisée sur le présent”. Pourquoi, alors, chercher à me précipiter vers un “meilleur ailleurs là-bas”, dans ce futur incontrôlable, en passant à côté de la façon dont je vis ici et maintenant ?

Car la façon dont je vis l’instant présent ne dépend que de moi. Or, en observant les effets corporels de l’impatience – qui se manifestent par des tensions musculaires, par de l’agitation, par des emportements – il ne tient plus qu’à moi de calmer en pleine conscience ces conditionnements afin d’agir autrement.

Souvenez-vous du non-jugement : entre le stimulus et la réponse, je peux faire le choix conscient de respirer et de calmer ce qui en moi m’emporte loin d’ici et maintenant.

Ayant appris à voir naitre l’impatience en moi, il devient petit à petit plus aisé de sortir de mon conditionnement – devrai-je dire mon inhabileté à répondre ou irresponsabilité ? – afin de m’autoriser à accepter chaque instant dans sa plénitude.

Comment ? En prenant quelques respirations lentes et profondes. En observant, sans le juger, cet endroit en moi où se manifeste de l’impatience envers moi-même, envers les autres ou envers les circonstances. En me demandant ce qui me semble inacceptable et quelles sont mes exigences ? Ces dernières sont-elles réalistes ? Ne dépendent-elles que de moi ?

Dans la majorité des cas, je m’aperçois que mes exigences sont trop élevées, que ce qui se produit n’est finalement pas si grave et que de toute façon je n’y peux pas grand chose. Dès lors, à quoi bon m’impatienter et augmenter mon stress ? Mon impatience a-t-elle le pouvoir de changer quelque chose ?

Non dans 99% des cas. 😀

Pratiquer la patience en pleine conscience me permet d’éprouver une bienveillance croissante envers moi-même. Car quelque soient mes émotions, mes limites, mes auto-critiques, mes faiblesses, mes emmerdes, mes circonstances, je mérite de me traiter moi-même avec bienveillance.

Cette pratique favorise également une plus grande bienveillance envers les autres. À quoi bon pourrir le contrôleur au sujet du retard du train ? Y peut-il quelque chose ? Me comporter de façon désagréable avec lui changera-t-il positivement quelque chose à notre situation commune ? Non, bien entendu.

Le moment présent est tel qu’il est. Je ne peux que constater les choses et remarquer comment patience et acceptation sont liées.

La patience me rappelle que je peux décider à chaque instant de la réponse que je donne aux circonstances, que toutes mes exigences ne sont pas justes, que je dois mieux planifier certaines tâches afin de ne pas me laisser déborder, que mon impatience a un impact sur les personnes qui m’entourent, que je ne dois pas forcer les choses qui sont porteuses de vie et qui doivent se dérouler à leur propre rythme, à l’instar de la fleur ou du papillon…. Parce que le changement est un chemin de pleine conscience pas une destination.

À demain pour le troisième pilier : celui de l’esprit du débutant.

 

Jean-Marc Terrel
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