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Le non-jugement est le premier pilier de l’entrainement à la pleine conscience : cette attitude consiste à observer les phénomènes qui se présentent à chaque instant à notre conscience de façon impartiale, c’est-à-dire sans aucun parti pris ; un peu comme un scientifique observant une expérience dans le seul but de la décrire et non pas, comme nous le faisons généralement, de la juger “bonne” ou “mauvaise”.

Pourquoi le non-jugement est important ?

Nous passons beaucoup de temps à résister, à lutter, à rejeter, à ne pas accepter les situations et les gens. Pourtant tout est impermanent. Nous ne désirons que ce qui est plaisant, agréable et bénéfique, mais cela génère beaucoup d’anxiété et de souffrance. Si nous permettons aux choses d’être ce qu’elles sont, si nous les acceptons, nous ressentons alors une grande paix.

La méditation pleine conscience utilise notre capacité naturelle à appliquer notre attention à un aspect plus ou moins restreint de notre vécu intérieur ou extérieur. Elle peut se définir comme : l‘attention à l’expérience telle qu’elle apparaît ici et maintenant dans le champ de la conscience, sans attente particulière et sans jugement de valeur.

Mais lorsqu’une personne commence la pratique de la méditation, c’est souvent pour se soulager de souffrances physiques ou psychiques. Elle vient avec l’idée de découvrir une recette pour aller mieux, pour faire les choses différemment, pour obtenir certains bienfaits qu’elle recherche activement et n’a pas forcément trouvé dans d’autres approches.

C’est souvent une étape de rejet d’anciens modes de fonctionnement et d’identification à une pratique XYZ, à un courant, à un maître, à un nouveau réseau de relations ou à un nouveau mode de vie. Comment, alors, ne pas entretenir d’attentes et ne pas porter de jugement de valeur sur ce qui était, ce qui est, ce qui pourrait être et ce qui sera ? À un niveau global c’est quasi impossible.

Comment vivre le non-jugement ?

Heureusement, la méditation pleine conscience excelle dans l’art de créer du changement dans de toutes petites choses qui auront de grands effets, avec la pratique répétée. Il s’agit donc plutôt d’entretenir une attitude de non-jugement au niveau “local” plutôt qu’au niveau “global” ou notre influence réelle est extrêmement limitée. Or, pour chacun de nous, qu’y a-t-il de plus local que notre propre corps ? Et comment cela peut-il s’appliquer en pratique ?

Ne pas juger cela consiste concrètement, lors de chaque pratique, à observer mes sensations et mes ressentis corporels tels qu’ils sont, sans les juger “bons” ou “mauvais”, sans discourir, commenter et bavarder intérieurement au sujet de ce que je ressens. Il s’agit juste de constater que je ressens quelque chose. Que cela soit agréable, neutre ou désagréable n’a aucune importance puisque, dans un cas comme dans l’autre, cela ne durera pas éternellement. Car tout est impermanent.

Ce positionnement intérieur de non-jugement me permet en fait de m’approcher au plus près du phénomène qui parvient à ma conscience ; afin de l’observer avec un regard impartial. Ce faisant, petit à petit, mon corps et mon esprit créent entre eux un climat de confiance réciproque. Une relation d’acceptation se construit alors, petit à petit, entre ces deux parties de moi qui n’ont jamais appris à vraiment dialoguer, à réellement s’écouter.

Cette attitude est à la base de l’amour inconditionnel. Lorsqu’on s’y entraine, le non-jugement devient une pratique spirituelle qui conduit à l’équanimité, c’est-à-dire qui permet d’être avec ce qui existe sans être confus ou désespéré, sans prendre les choses personnellement ; c’est l’acceptation totale des choses telles sont.

En pratiquant l’équanimité, chaque instant est parfait. Notre cœur s’ouvre à ce qui est plaisant, tout comme à ce qui est déplaisant. Nous ne nous attachons plus à ce qui est “agréable” et nous sommes tolérants vis-à-vis de ce qui est “désagréable” car nous sommes pleinement conscients que, aux niveaux physique et psychique, rien ne dure éternellement.

Par le biais de la pratique répétée, de l’entrainement, l’équanimité se développe et nous devenons capables de lâcher prise, d’accepter et de voir les choses telles qu’elles sont réellement. À travers de ce processus, qui dure toute une vie, la sagesse et la compréhension finissent par émerger, tout naturellement.

À demain pour le second pilier : celui de la patience.

Jean-Marc Terrel
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