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Le lâcher-prise ou non-attachement est le septième pilier de la pratique de la méditation pleine conscience après l’acceptation, et c’est est aussi l’essence.

Le pouvoir de l’attachement sur l’esprit humain est en effet gigantesque. Il est à la source des liens affectifs très forts qui se tissent entre nous et les choses matérielles ou immatérielles.

Ces liens deviennent la raison de comportements dépendants, défensifs, agressifs, possessifs, conflictuels qui peuvent aller jusqu’au suicide ou au meurtre. Le sentiment d’attachement génère donc beaucoup de peurs, de tensions et de souffrances.

Selon Siddhartha Gautama, dit le Bouddha, l’attachement nourrit le désir et, ensemble, ils deviennent la principale cause de la souffrance humaine. Attachement et désir s’entretiennent l’un l’autre dans un cercle vicieux de co-dépendance : plus le désir est ardent et plus l’attachement s’accroit, à la fois à l’objet du désir et aussi à l’énergie que génère en lui-même le désir. On imagine dès lors l’importance du lâcher-prise dans notre bien-être.

Pas toujours facile de lâcher-prise…

Qui n’a pas vécu la sensualité du désir plusieurs fois dans sa vie ?

Je me souviens par exemple avoir désiré posséder une maison de tout mon coeur. Je nourrissais mon être de l’idée d’avoir cette maison en regardant les photos sous tous les angles et en désirant y faire mille plans d’aménagement pour mon confort. J’étais autant attaché à l’idée d’avoir cette maison là – pas une autre – qu’au désir de posséder cette maison. J’étais en fait totalement attaché, identifié, à la fois à l’idée et au désir d’en devenir propriétaire.

Et mon désir de propriété augmentait au fur et à mesure des idées de plus en plus forte d’aménagement. Je m’y voyais déjà, malgré le gros et coûteux emprunt que cette acquisition supposait, jusqu’à ce que la banque me me confirme la validation du projet.

Que de souffrances lorsque, quelques années plus tard, vint le moment de la quitter. Souffrance de devoir renoncer à “ma maison” et tristesse à l’idée de ne jamais y vivre tout ce que j’y avais projeté. Je m’étais profondément attaché à cette maison et cet attachement générait en moi toutes sortes de sentiments désagréables auquel il me fallait faire face. 

Quelques années plus tard, même scénario de projet d’acquisition d’une autre maison mais avec un dossier financier fragile.

Comment tirer des leçons de ma première expérience ? Pourrai-je choisir de ne pas m’attacher à l’idée de posséder cette maison ? Serait-ce possible pour moi de me distancier à la fois de mon désir d’avoir cette maison et de l’idée de vouloir acquérir ce bâtiment ? Ma pratique de la méditation pourrait-elle m’être d’un quelconque soutien dans cette nouvelle aventure ?

Il se trouve que j’ai trouvé cet espace en pleine conscience, à la fois engagé dans un projet d’acquisition mais sans attachement à un résultat particulier. En étant présent dans cet espace de liberté, j’ai pu visiter plusieurs fois ce bâtiment en couple et en famille. Nous avions reçu un accord verbal de la banque, tout était ok.

Nous avons donné congé de notre logement et préparé notre déménagement. Nous avons inscrit les enfants dans de nouveaux établissements scolaires, faits nos changements d’adresse et à quinze jours de la date de signature un courrier est arrivé : emprunt refusé. Avec une lucidité que n’aurait pas permis un attachement démesuré, j’ai pu faire des choix qui nous ont permis de retrouver rapidement un nouveau logement. J’étais un peu peiné certes, mais pas abattu.

Étant de libre de l’attachement émotionnel à cette maison, je m’étais libéré du désir de posséder et de la dépendance psycho-affective générée par ce désir. J’ai pu ainsi continuer d’avancer sur mon chemin en étant libre et heureux. Mon comportement de lâcher-prise, dans cette situation, a été d’un vrai soutien pour mon épouse et mes enfants qui ont senti que, finalement, tout ça n’était pas si grave pour notre famille.

Le lâcher-prise est une pratique en soi

Le lâcher-prise est une pratique en soi. Elle consiste à apprendre à “ne pas s’attacher” aux choses matérielles – par exemple les biens, les richesses ou les personnes – et des choses immatérielles – par exemple les expériences, les idées ou les émotions. Car rien ne dure dans ce monde, tout change en permanence.

Or le changement entraine le renoncement et la perte que ce soit dans nos relations, nos occupations ou nos possessions. Si l’attachement est trop grand, si le désir de possession est trop ardent, tout changement dans la relation, l’occupation ou la possession devient une grande source de souffrance.

Cela signifie-t-il que le pratiquant devient une sorte d’être froid, un robot insensible et complètement détaché de toute émotion et de toute affection envers les personnes qui l’entourent et les situations qu’il vit ? Non, absolument pas !

Pratiquer le lâcher-prise et le non-attachement ne signifie pas que l’on refuse de vivre et d’expérimenter pleinement tout ce qui se présente à la conscience, par exemple : en ressentant de la peine et de la compassion face à la souffrance, du plaisir dans les moments agréables, de la peur dans les contextes effrayants, de la colère dans les situations inacceptables ou de la joie dans les instants de grâce.

Pratiquer le non-attachement cela signifie plutôt être conscient que chacun de ces moments tristes ou heureux ne font que passer, parce que rien ne dure. Alors plutôt que s’attacher à l’impermanence, en entretenant de la mélancolie ou de nostalgie au sujet des “jours heureux d’avant”, le pratiquant vit ce qu’il y a à vivre dans l’instant, pleinement présent à ce qui est. Puis il lâche prise pour ne pas créer d’attachement et donc de de souffrance au sujet de ce qui, déjà, est passé.

La manifestation la plus profonde de la pratique du non-attachement est, en fait, une attitude positive envers toutes les circonstances de la vie : quoiqu’il arrive, l’état intérieur du pratiquant tend à être indépendant des circonstances extérieures. Il est libre psychologiquement et émotionnellement des liens qui se tissent intérieurement et extérieurement par rapport à ce qu’il a ou à ce qu’il n’a pas. Il peut ainsi avancer librement sur son chemin en interagissant de manière sage avec le manifesté comme avec le non-manifesté.

Le lâcher-prise n’est pas entièrement inconnu du débutant. Nous lâchons prise sur le monde matériel et immatériel chaque jour, au moins une fois : au moment de l’endormissement. Chacun de nous sait donc déjà pratiquer une forme naturelle de non-attachement. Il ne reste qu’à transposer cette aptitude naturelle à l’état de veille.

Le lâcher-prise n’est donc pas du laisser-aller mais plutôt du laisser être.

Cela consiste au départ à repérer nos réactions d’attraction et de rejet dans la vie courante. On observe notre tendance à nous saisir et à nous attacher à certains aspects de notre vie. Et puis on constate les souffrances que cela entraine dès qu’il y a un changement ou une perte. Il s’agit simplement de laisser être ce qui est présent.

Le lâcher-prise, c’est le début de la sagesse : c’est-à-dire de la capacité à voir les choses telles qu’elles sont et à prendre du recul par rapport à elles. La sagesse consolide le non-attachement. Et ce dernier renforce l’amour inconditionnel qui est le sentiment d’être connecté et de ne faire qu’un avec le Tout. Et pour boucler la boucle, l’amour renforce la sagesse… C’est donc une qualité primordiale à pratiquer en pleine conscience.

À partir de demain je te parlerai des 5 obstacles à la pratique de la méditation pleine conscience :

  1. Le plaisir des sens,
  2. La colère,
  3. La torpeur,
  4. L’agitation,
  5. Le doute.

 

Jean-Marc Terrel
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